Une autre manière de voir la dépression

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Feb 17
2017

Dans notre vie nous passons tous, au moins une fois, par un épisode dépressif plus ou moins long et plus ou moins sévère. Souvent incomprise, cette période est difficile à vivre. Elle nous fait peur. Et nous craignons d’être complètement noyés/submergés par cette tristesse infinie. Car en général, la dépression est associée surtout à la tristesse.

Mais il existe bien d’autres manières de voir les choses. Si je devais choisir une définition pour la dépression, j’opterais plutôt pour « le vide ». De plus, certaines études s’accordent à voir la dépression davantage comme une crise existentielle, ou « spirituelle » annonçant un changement profond et salvateur plutôt que comme un état de souffrance vécu en vain. Dans cette optique, la dépression annoncerait plutôt que le travail est en marche et que la vie nous offre l’occasion de naître une seconde fois.

Voir « le potentiel guérisseur» de la dépression peut surprendre au départ. Mais cela peut nous aider à accueillir cet état et à le vivre de manière totalement différente. Parfois, dans des moments difficiles, on pense avoir tout essayé. Mais s’ouvrir à un point de vu très différent peut vraiment changer la donne et permettre de sortir d’une impasse.

La nature a horreur du vide… et l’Homme aussi.

Il est évident que la dépression s’accompagne souvent de larmes et de tristesse. Mais j’aurais tendance à le voir davantage comme un symptôme que comme une cause. La dépression nous met surtout face au vide et cela nous terrifie. Car nous avons horreur du vide. Nous cherchons en permanence à remplir nos vies et nous nous agitons beaucoup. Nous n’osons pas nous poser et faire le vide dans nos pensées. Car bien souvent, nous fuyons ce vide intérieur. Trop abyssal, trop angoissant.

La dépression révèle ce vide. Elle nous le colle en plein visage. C’est un gouffre affectif qui s’ouvre sous nos pieds. Parfois si profond qu’on n’en distingue pas la fin. La vie nous montre à quel point nous nous sommes construits autour de ces manques. Et à quel point nous passons notre temps à nous « distraire » pour éviter de voir ces espaces déserts.

Quand le vide se dévoile, tout s’effondre. C’est un peu comme dans un dessin animé où un personnage peut courir au dessus d’un canyon tant qu’il n’a pas vu le vide. Mais au moment où il regarde en bas, c’est la chute assurée. Intérieurement, les vieilles structures tombent pour faire place au nouveau. La carapace cède pour laisser entrer la lumière.

Ce n’est jamais agréable ni confortable de vivre cet état de transformation mais si nous considérons ce vide comme une opportunité, nous pouvons y voir tout un espace libre pour grandir, pour se développer et pour « décorer » notre vie comme nous l’entendons.

Le meilleur moyen de sortir de la dépression, c’est d’y rentrer.

desert-affectif Résister à tout prix et fuir cet état peut finir par nous blesser profondément. Il y a un moment où il faut lâcher-prise. Plus exactement, il faut dire « oui » à ce que nous sommes en train de vivre. Un « oui » suffit. « Ok, je vais arrêter de m’agiter et je vais regarder ce qui se passe ».

Plus nous laissons d’espace à ce qui nous effraie, moins nous luttons contre. Car c’est dans la lutte contre la dépression que nous perdons le plus de plumes.

Nous avons peur d’être totalement submergés ou noyés si nous lâchons les barrières. Mais la peur déforme la réalité, et bien souvent, c’est en lâchant prise que nous récupérons beaucoup d’espace et d’énergie pour guérir et sortir de cette épreuve.

Acceptez l’aide d’un spécialiste pour vous accompagner dans cette étape importante de votre vie. C’est agréable de ne pas faire ce chemin tout seul. C’est important d’avoir un témoin de nos transformations. Et c’est rassurant de s’ouvrir à soi dans un cadre prévu pour ça. Les thérapies holistiques (en psycho-thérapeutique ou en thérapies corporelles) apportent des solutions complètes pour accueillir, avec le corps et l’esprit, toutes les transformations qui sont à l’œuvre.

Une occasion de naître une deuxième fois

plongee-libreArnaud Desjardins disait : « le vrai destin de la chenille c’est sa métamorphose en papillon ». Mais il disait aussi, à juste titre, qu’il avait souvent voulu être un papillon sans jamais penser une seule seconde à quitter l’état de chenille. N’est-ce pas là ce que nous faisons tous ?

Nous voulons souvent changer de vie, sans vraiment imaginer quitter « l’ancien nous ». Certaines dépressions donnent une occasion unique de laisser mourir l’ancien et d’accueillir le nouveau. Ce sont des passages initiatiques où s’opèrent des transformations profondes.

Il est évident que ces périodes sont dures à traverser et que la transformation ne se passe jamais dans le calme mais émerge plutôt du chaos. La chenille doit mourir pour laisser sortir un papillon. Bien sur, il n’est pas question d’écraser la chenille… car cela ne donnera jamais un papillon ! Il faut accepter que la chenille que nous sommes soit en métamorphose et qu’il en sortira une nouvelle forme de vie.

Et comme dans une naissance naturelle, la dépression s’accompagne de plusieurs phases. Nous sommes au départ bien au chaud et bien tranquilles dans notre environnement, mais cet environnement commence à devenir trop étroit… Le travail commence et les « contractions de la vie » nous secouent. Elles se font de plus en plus intenses.

Le travail est maintenant bien engagé et il va falloir accompagner le mouvement vers la sortie si nous ne voulons pas y laisser notre peau. Plus nous sommes, engagés dans ce processus de naissance, plus les options se réduisent. Ce qui peut nous donner momentanément l’impression que nous avons tout perdu à nous engager dans cette aventure. La période la plus inconfortable est celle où l’ancien n’est plus là mais le nouveau n’est pas encore arrivé non plus.

La crise finale est la plus impressionnante. Mais c’est elle qui annonce la délivrance. Le monde qui s’ouvre à nous est vaste et peut accueillir tous nos mouvements. Dans ce nouveau monde, nous ne sommes plus seuls, isolés. Nous sommes entourés de personnes qui nous ressemblent et qui nous comprennent. Et surtout, nous avons eu le courage de mettre au monde « le nouveau nous » !

*Certaines dépressions sont plus graves que d’autres et nécessitent une aide médicamenteuse. Seul un médecin qualifié (psychiatre) est capable de valider ce diagnostic et de prescrire le traitement adéquat. N’hésitez pas à consulter si vous en sentez le besoin ou si vous voyez un proche en danger.