Qui sont ces nouveaux adultes ? C’est une génération de rupture. En rupture avec l’ancien mode éducatif, qu’ils refusent en bloc. Leur histoire les a blessés. Ils sont réfractaires à l’autorité. Ils cherchent du sens à leur vie et ils veulent changer les codes pour s’adapter à un monde qui change.
Leur particularité ? Ils sont à la frontière de l’ancien et du nouveau. Ils ont été éduqués « à l’ancienne » et ils ne veulent surtout pas reproduire les mêmes erreurs. Ils ont un double travail à réaliser : réparer leur passé et devenir des guides fiables et cohérents pour leurs enfants.
Des extra-terrestres ? Ces nouveaux adultes sont tellement différents de leurs parents qu’ils ont parfois l’impression de « ne pas être nés dans la bonne famille ». Ils se sentent souvent incompris. Ce sentiment d’être un extra-terrestre ne les aide pas vraiment à trouver leur place.
Leurs forces ? Ils ont une âme de révolutionnaires et ne veulent pas se contenter d’appliquer bêtement ce qu’on leur a montré. Ils n’ont pas peur de remettre en question les codes appliqués depuis des siècles. Ils sont surtout équipés d’un nouveau sens : l’esprit critique.
Leurs faiblesses ? Ils ont baigné dans des familles « traditionnelles » (et parfois fortement dysfonctionnelles) et ils ont du mal à se détacher de leur histoire. Ils ont été éduqués « à l’ancienne » et ils portent des charges émotionnelles non résolues. Ils sont rebelles mais ils peuvent vite verser dans l’accusation et se faire piéger par leur besoin de justice et de réparation. Cela les maintiendrait dans la position d’enfant.
Et une fois devenus parents ? Leur envie de faire différemment est viscérale. Mais à vouloir éviter à tout prix de refaire les erreurs de leurs parents, ils se retrouvent parfois dans des attitudes extrêmes. Ces attitudes seront certes à l’opposé de ce qu’ils ont reçu. Mais attention ! Elles sont faites dans le même bois. Il s’agit juste de l’autre face de la même médaille.
Comment faire différemment ? Pour innover il faut créer une rupture avec ce qui existe déjà. Et pour créer cette rupture il faut prendre de la distance. Il faut être libre de faire comme on le sent. Cette prise de distance avec leur propre histoire va être une étape indispensable. Elle doit être faite en conscience, accompagnée ou non d’un thérapeute, et elle doit respecter certaine étapes.
Comment se détacher de sa propre histoire ? Pour s’en détacher, il va falloir dans un premier temps aller régler deux ou trois dossiers ! Il faut porter un regard d’adulte – l’adulte qu’ils sont devenus – sur leur propre enfance. C’est l’adulte en eux qui va faire le lien. Il va aller visiter sa propre histoire et faire émerger des souvenirs. Puis, il va pouvoir observer l’enfant qu’il était. C’est important de conserver ce double regard : l’adulte qui regarde la scène et l’enfant qui livre son ressenti. C’est ce dialogue qui va être réparateur. L’enfant intérieur va être un indicateur précieux des incohérences parentales, des souffrances, des histoires de famille, etc. L’adulte va y mettre du sens, va faire des liens, va pouvoir critiquer constructivement et va même pouvoir rassurer l’enfant.
Une petite séance de rattrapage s’impose Car “là d’où vous venez”, vous n’avez peut-être pas reçu ces quelques outils indispensables.
Il me semble que le dernier item est le plus important et il va définir tout le reste. Apprenez à vous connaître puisqu’on ne vous a pas appris à le faire. Observez vous ! Observez vos émotions, observez vos réactions, observez vos pensées. Qui êtes-vous ? Qui êtes-vous vraiment ? Quelle est votre place ? Quelle est votre mission ? Toutes ces réponses, vous les aurez en vous observant. Si un adulte avait joué ce rôle dans votre enfance, vous auriez gagné beaucoup de temps. Mais il n’est jamais trop tard.
Plus vous vous connaîtrez, plus vous aurez une estime juste de vous-même, une confiance bien placée. Sinon, vous êtes votre pire ennemi. Car on a peur de ce que l’on ne connaît pas. On doute parce qu’on ne sait pas qui on est ; parce qu’on ne se fait pas confiance ; parce qu’on ne se croit pas capable. Observez-vous, c’est la clé (et je n’ai pas dit « jugez-vous », n’est ce pas ?). C’est comme un muscle. Cela demande de l’entrainement de porter ce regard sur soi. Mais ça change tout. Si vous vous connaissez, vous apprenez aussi à connaître les autres. Vous aurez moins peur.
Et vous ferez gagner beaucoup de temps à vos (futurs) enfants