En tant que parent bienveillant, nous essayons de faire au mieux pour que notre/nos enfant(s) ne souffrent pas des mêmes blessures que nous. Nous voulons, consciemment ou inconsciemment, qu’ils soient épargnés des mêmes peurs, des mêmes doutes ou des mêmes échecs. En résumé, nous voulons le meilleur pour eux et c’est bien normal ! C’est là notre job de parents 😀
Nous sommes nombreux aujourd’hui à avoir déjà fait un bout de travail sur nous-même. Nous sommes bien au courant de nos blocages et autres casseroles dont nous avons mis tant d’années à nous défaire. Nous sommes aussi bien conscients du rôle qu’ont joué parents dans ce qui nous a été légués, pour le meilleur et pour le pire !
Dans nos mentalités de parents du 21ème siècle, il est inconcevable que nous transmettions nos blocages et nos peurs à nos enfants. Nous mettons donc beaucoup d’énergie et de convictions pour qu’ils se développent tels qu’ils sont et qu’ils découvrent leur vrai potentiel. La culpabilité devient notre meilleure amie, car nous n’y arrivons pas toujours. Mais nous faisons tout pour que nos casseroles « fassent le moins de bruit possible » dans la vie de nos enfants.
Mais que se passe-t-il quand notre enfant revit exactement la même expérience douloureuse que nous ? S’il/elle est rejeté, critiqué, malade, quitté, incompris, etc. C’est la PANIQUE à BORD !!!
En fait, nous gérons plutôt bien les choses jusqu’à ce que notre enfant traverse une épreuve similaire à la notre. Alors là, on va essayer de réécrire l’histoire en menant un double combat : celui de notre propre enfance et celui de notre enfant. Le tout en silence. Car, pour ne pas transmettre à nos enfants les mêmes peurs, nous pensons qu’il faut agir dans les coulisses de la vie et changer le scénario sans qu’ils ne s’en aperçoivent…
On pense qu’en ne disant rien et en évitant à nos enfants de vivre les mêmes choses que nous, nous arrêtons la chaîne de transmission. C’est faux ! C’est même le contraire. Les non-dits perpétuent la transmission. C’est la communication qui va casser la chaîne et qui va permettre à nos enfants de vivre leur propre expérience du monde.
Alors que diriez-vous d’utiliser cette opportunité pour grandir et libérer vraiment votre enfant de vos peurs ?
Voici quelques exemples concrets pour bien comprendre ce qu’il se joue.
Un exemple qui joue sur de veilles blessures :
Vous avez été critiqué et incompris par vos propres parents quand vous étiez enfant. Donc vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour tenir un discours positif et ouvert à votre enfant. Vous l’encouragez souvent et valorisez ses expériences et ses talents. C’est parfait.
Mais, un jour, votre enfant va à l’école et la maîtresse ne le trouve « pas à son goût ». Elle l’inonde de reproches et vous fait des rapports quotidiens sur ses nombreux comportements « déviants ».
Là, on vous a perdu !! Soit, vous sautez au cou de la maîtresse pour lui crier dessus que votre enfant n’est pas celui qu’elle décrit ! Soit, vous vous retrouvez projeté dans votre costume de petit enfant de 5 ans, bouillonnant à l’intérieur mais incapable de répondre à l’adulte qui est devant vous !
L’expérience de votre enfant a réveillé la votre. Vous êtes pris au piège. Et vous allez défendre votre histoire de manière rarement objective 😉
>> Et si vous mettiez de côté votre expérience pendant quelques minutes ? Écoutez la maîtresse une bonne fois pour toute. Ça vous évitera d’avoir à subir ses reproches tous les jours ! Écoutez aussi votre enfant ; il a sa propre version de l’histoire et elle peut-être très intéressante. Enfin, faîtes-vous votre propre avis sur la situation. Soit un compromis est possible entre la maitresse et l’enfant, soit l’enfant doit faire des efforts, soit la maitresse est à côté de la plaque et l’a pris en grippe injustement. Ensuite, agissez en cohérence avec votre avis. Votre position d’adulte face à la maîtresse ou à votre enfant va vous donner les moyens d’agir. Vous n’êtes plus pris au piège par votre histoire et vos vieilles batailles.
Ce que vous pouvez dire à votre enfant ensuite : Ta maîtresse m’a dit que tu faisais le clown en classe. Mais moi je sais que tu n’es pas que ça ; Tu sais, il y a des règles simples à respecter. Elles sont obligatoires pour qu’une classe fonctionne. Et je tiens à ce que tu les écoutes. Par contre, il y aura aussi des gens qui te critiqueront dans la vie, des gens qui ne seront pas d’accord avec tes comportements. Alors tu peux compter sur moi pour te défendre quand je trouverai ces critiques injustes. Parce que je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle a dit sur toi… (donnez des exemples concrets).
Un autre exemple qui joue avec nos peurs de parents :
Quand on devient adulte et parents à fortiori, la peur se met sournoisement à envahir notre quotidien. Quand notre enfant pique un sprint dans une pente, on l’imagine blessé par terre. Quand il/elle monte en haut d’un jeu avec une échelle, on imagine la chute. Quand il/elle court vers l’extérieur, on imagine l’accident. Etc.
Alors, nos phrases se mettent bizarrement à commencer par « fais attention !», « non !», « pas ça !», « c’est dangereux !», etc.
Nous transmettons, sans le vouloir, toutes nos peurs comme si elles étaient des vérités absolues.
>> Au lieu de ça, nous pouvons dire : « j’ai peur », « ça me fait peur quand tu cours comme ça », etc.
Et demander immédiatement à l’enfant : « ça ne te fait pas peur à toi ? » « ça te fait quoi ? »
En communiquant ainsi :
Mini exemple avec le climat (parce que ces choses là se transmettent aussi dans les petits détails du quotidien).
« Couvre-toi, tu vas avoir froid », « met ton bonnet », « met tes gants », « ne vas pas dehors, il fait trop froid »
Déjà, avez-vous vérifié si votre enfant craignait le froid autant que vous ? 😛
Communiquez avec lui/elle en exprimant toujours ce que vous ressentez et en lui demandant ouvertement ce qu’il/elle ressent : « Oh, ça me donne froid quand je te vois comme ça. Je n’aime pas du tout le froid. Moi je préfère l’été et le chaud. Et toi ? Tu préfères quoi ? »
Il/elle va vous répondre et même prendre du plaisir à ce qu’on s’intéresse à son avis : «Moi, j’aime bien le froid, ça ne me dérange pas. » ou peut-être « moi aussi je préfère le chaud. Je vais mettre mon bonnet, je serai mieux. »
Laissez-le/la tester ses limites, ressentir avec son corps, faire ses expériences.
Tant qu’il n’y a pas de danger, le champ de l’expérimentation est libre
A partir de 5 ans, on peut vraiment communiquer tout cela avec les enfants. Même si je reste persuadée que ces comportements parentaux peuvent être introduits dès le plus jeune âge.
Les messages que vous lui faites passer :
« Tu es capable de te faire ton propre avis et ton propre avis compte »
« Il existe des avis différents du tien et ils sont intéressants à partager »
« Il y a des moments pour donner son avis et des moments pour écouter ! Des fois, il y a un vrai ordre ou un vrai danger et ce n’est pas le moment de donner son avis »
Quand l’histoire que vit votre enfant vous secoue trop, laissez votre conjoint(e) prendre le relais. Il/elle n’a pas la même histoire de vie et cela peut vous donner le temps de prendre un peu de distance entre votre histoire et celle de votre enfant. Ensuite, vous pourrez réagir de manière plus adulte et plus posée.
Nous n’avons pas les mêmes « boutons » qui déclenchent les mêmes réactions et nous n’avons pas les mêmes histoires. Vos enfants aussi ! Permettez-leur de découvrir leurs propres « boutons ».
En communiquant avec votre enfant, vous cassez cette chaine de transmission sans fin. C’est le « non-dialogue » qui favorise la transmission. Laissez-lui la chance de se faire son propre avis sur ce qu’il vit. Sortez de votre « role model » et livrez-lui vos ressentis.